Il y a quelques temps, un ami utilisa cette expression percutante, pour parler des conséquences, parfois tragiques, pour certains ministères de la difficulté d’obtenir un soutien qualifié en cas de besoin.
Outre qu’elle parodie le titre d’un roman célèbre devenu feuilleton télévisé, cette phrase a pour mérite de synthétiser une douloureuse réalité vécue par certains : un pasteur ou tout autre serviteur de Dieu à plein temps peut-il demander et recevoir une aide adaptée ? A qui s’adresser ? Dans quel cadre peut-il faire une « pause » ?
Découragement, sentiment d’échec, épuisement, vraie dépression, abandon définitif du ministère, chute morale, voire même suicide. Toutes les formes de crises, des plus courantes aux plus extrêmes, se retrouvent au sein des ministères. Mais, compte tenu de la position de ceux-ci dans l’Eglise, le « tabou » est encore grand qui entoure ces sujets : Peu nombreuses sont les études qui osent les aborder. Encore moindre sont les solutions offertes. Pourtant, après avoir vécu quelques années de vie d’église, nous avons tous vu ou entendu parler de tels cas.
J’ai connu un prédicateur qui, poussé par le besoin de confesser à un « ami » ses tentations et son combat spirituel, se retrouva dénoncé et rejeté de la dénomination à laquelle il appartenait, sans avoir eu l’occasion de recevoir ni écoute, ni aide d’aucune sorte. Certes, le cas fut écarté et le mouvement épargné d’un « risque » potentiel, mais est-ce ainsi que nous sommes appelés à prendre soin les uns des autres ? N’avons-nous pas un devoir d’accompagnement demandé par Jésus lui-même et les apôtres ? (Matthieu 18 : 15-20 ; Jacques 5 : 20).
Nos attitudes de négation du besoin d’écoute et d’aide aux ministères ne contribuent-elles pas à renforcer hypocrisie, méfiance et isolement, poussant beaucoup à prétendre que « tout va bien » quant au fond d’eux-mêmes le combat fait rage ?
Tout travailleur dans la relation d’aide se doit d’avoir un référent auquel il puisse faire appel en cas de besoin pour se « décharger » des tensions dues à son service. Mais vers qui le serviteur de Dieu, quand il a lui-même besoin d’aide, peut-il se tourner en toute confiance ?
J’ai souvent entendu la remarque suivante : prie Dieu et cela ira. Je crois en l’efficacité et la puissance de la prière, mais est-ce toujours suffisant ? Voire la meilleure solution dans certains cas ? Quid de la communion fraternelle ?
Un couple de missionnaires nous rendit ce témoignage : Alors qu’ils souffraient d’épuisement et demandaient un temps de repos spirituel après des années difficiles sur leur champ de travail, ils se virent répondre par leurs dirigeants : « Vous êtes des exemples, vous n’avez pas le droit d’être en souffrance, ni d’avoir des problèmes ». Ils décidèrent de quitter cette organisation qui n’avait rien prévu pour prendre soin de leur personnel blessé au service, ils n’en valaient pas la peine !
Aurions-nous tendance à privilégier les réalisations au détriment des individus, le faire à l’être, le paraître à la réalité ? Serions-nous une armée qui combat sans hôpital de campagne pour ses propres soldats ? Croyons-nous que nier l’existence de ces souffrances les font disparaître ?
Pensons au coût humain que cela représente par année, aux familles en souffrance, pas seulement celles de serviteurs, mais aussi des membres des assemblées qui en vivent les effets collatéraux ! Car comment imaginer qu’un ministère en crise n’en fasse pas ressentir les effets, même involontairement, sur les brebis dont il a la charge ?
Je connais l’exemple, d’un pasteur qui, se sentant aux limites de ce qu’il pouvait donner à l’église dont il avait eu la charge pendant plusieurs années, décida d’utiliser la possibilité qui lui était offerte de prendre une année sabbatique. Il reprit un travail, mena la vie de tout croyant lambda, avec ses pressions et ses frustrations, rendit témoignage de sa foi chaque fois qu’il en avait l’occasion. Il prit soin de son couple et de ses enfants et continua à se rendre incognito dans une assemblée pour s’asseoir dans les rangs et écouter la Parole de Dieu. Après une année de ressourcement, le Seigneur lui ouvrit une porte pour prendre en charge une petite assemblée d’une autre ville. Après avoir prié pour cette opportunité, il accepta et entra dans une nouvelle période extrêmement bénie de son service pendant laquelle il eut la joie de voir cette église quintupler en quelques années !
Souvenons-nous que nous sommes gestionnaires de l’appel Divin dans l’esprit de 2 Jean 8 :
Alors, que faire pour ne pas gâcher, ni risquer de perdre ces ministères ? Quelles solutions ? Préparation aux ministères, prévention, accompagnement, résolutions de crise, année sabbatique, formation continue… Le débat est ouvert !
Découvrez le ministère en relation d'aide d'Éric et Rachel Service aux Ministères
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